Chaque année, des milliers de Marocains résidant à l’étranger (MRE) font face à des conditions de transit éprouvantes en rentrant au pays pour les vacances d’été. Malgré l’opération Marhaba, destinée à faciliter leur arrivée, leur départ reste un calvaire. Une opération « Ila Likae » – littéralement « au revoir » – pourrait être la solution pour soulager cette communauté durant son retour en Europe.
Les difficultés des MRE lors de leurs déplacements ne sont pas nouvelles. Accidents de la route à l’étranger, incidents de traversée, ou encore des familles en détresse dans des conditions précaires… Ces situations ont souvent nécessité une intervention urgente. Grâce à l’engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et la mobilisation de la Fondation qui porte son nom, des mesures humanitaires ont été mises en place : hospitalisations à l’étranger, affrètement de moyens de transport, assistance administrative et hébergement des familles. L’opération Marhaba, mise en œuvre pour humaniser les conditions de voyage des MRE, a été une réponse à cette nécessité d’assistance continue.
Cependant, cette opération d’accueil, bien que louée pour son intention et son organisation collective entre les parties prenantes publiques et privées, présente des lacunes. Sur le terrain, la réalité est souvent bien éloignée des promesses : manque de rigueur dans l’application des consignes, files d’attente interminables, et une absence de services de base dans les ports. Le retour des MRE, après leurs vacances, s’avère tout aussi éprouvant, si ce n’est plus.
En effet, la phase de retour des MRE ressemble parfois à un parcours du combattant. Au port de Tanger Med, les familles font face à une longue attente pour passer les contrôles douaniers, souvent entravés par l’utilisation d’un seul scanner fonctionnel. Il n’y a que peu ou pas d’infrastructures pour se reposer, prendre un café ou se détendre avant l’embarquement. Cette attente peut durer plus de cinq heures, et parfois davantage, ce qui est particulièrement éprouvant pour les familles avec des enfants. Les mêmes difficultés sont constatées à l’arrivée en Espagne, où les MRE sont souvent contraints d’attendre longtemps, dans des conditions qui pourraient facilement être améliorées.
Pourquoi ne pas envisager une coopération renforcée avec l’Espagne pour fluidifier ces passages et offrir aux MRE une expérience de retour plus humaine et plus digne ? Mettre en place des espaces de repos, améliorer la logistique portuaire et renforcer le nombre de personnels pour accélérer les contrôles douaniers seraient des mesures simples mais importants. Une telle initiative ne pourrait qu’accroître la satisfaction des MRE, qui représentent une part importante du tourisme national et qui, faute de meilleures conditions, pourraient choisir de passer leurs vacances ailleurs.
En fin de compte, la création d’une opération « Ila Likae » ne serait pas simplement une question de confort, mais une reconnaissance du rôle vital que joue la diaspora marocaine dans le développement du pays. Une meilleure prise en charge de leur retour témoignerait d’un respect et d’une gratitude envers cette communauté qui contribue chaque année, par ses visites, à dynamiser l’économie nationale.
Pour que l’opération Marhaba atteigne pleinement ses objectifs, il est temps d’agir également pour un départ en douceur. L’opération « Ila Likae » pourrait être cette bouffée d’air frais tant attendue, offrant un au revoir aussi chaleureux et organisé que l’accueil. Un geste symbolique, mais profondément nécessaire, pour dire aux MRE que leur retour chez eux, même temporaire, est toujours un moment apprécié et respecté.
Mohammed EL Batouli
02 Septembre 2024 à 23h46Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire