Après une fermeture forcée, le jeune poissonnier de Marrakech obtient le feu vert pour rouvrir son commerce. Entre polémiques et soutien populaire, retour sur une affaire qui a secoué le marché.

Les autorités marocaines ont finalement permis à Abdelilah, le poissonnier de Marrakech qui vendait des sardines à prix cassés, de reprendre son activité. Après une fermeture imposée pour des raisons d’hygiène, un ordre royal a demandé au Wali de Marrakech de permettre au commerçant de rouvrir son magasin, à condition de respecter les normes sanitaires, notamment par l’installation d’une chambre froide et la mise en conformité de son statut juridique.

La polémique avait éclaté lorsque Abdelilah, surnommé 'le conquérant des intermédiaires', avait proposé des sardines à 5 dirhams le kilo, alors que les prix habituels atteignaient 15 à 20 dirhams ailleurs au Maroc. Cette initiative lui avait valu autant de clients séduits que de critiques virulentes, certains commerçants l’accusant de vendre du poisson de moindre qualité ou d’adopter des pratiques anticoncurrentielles.

Son succès a suscité l’intervention des autorités sanitaires, qui ont imposé la fermeture de son établissement. Cependant, la mobilisation du public et le soutien inattendu du footballeur Achraf Hakimi, qui lui a adressé un message d’encouragement sur Instagram, ont contribué à un retournement de situation. L’intervention des instances royales a finalement conduit à un compromis : la réouverture du magasin sous conditions strictes.

Ce feuilleton commercial a eu un impact tangible sur le marché. À Casablanca, les prix de la sardine ont chuté, passant de 20 à 15 dirhams le kilo, preuve que l’initiative d'Abdelilah a mis en lumière les marges élevées de certains intermédiaires. Kamal Sabri, président de la Chambre des pêches maritimes de l’Atlantique Nord, a déclaré que le jeune homme n’avait rien enfreint, s’il gérait lui-même l’achat et la distribution de son poisson. En revanche, d’autres experts, comme Mohammed Naji de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, estiment que ce poisson pourrait provenir du marché informel, contournant ainsi la réglementation en vigueur.

Au-delà du cas d’Abdelilah, cette affaire interroge sur l’accessibilité des produits alimentaires au Maroc et le rôle des circuits de distribution traditionnels. Si cette réouverture marque une victoire pour le poissonnier et ses clients, elle souligne aussi la nécessité d’un équilibre entre prix abordables et respect des normes sanitaires et économiques.